Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
? pas de vent de loup de foug?re et de menthe
Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille aux cheveux d'?cume issue de l'eau dormante.

Apr?s l'aube la nuit tisseuse de chansons
S'endort d'un songe lourd d'astres et de m?duses
Et les jambes m?l?es aux fuseaux des saisons,
Veille sur le repos des ?toiles confuses.

Sa main laisse glisser les constellations
Le sable fabuleux des mondes solitaires
La poussi?re de Dieu et de sa cr?ation
La semence de feu qui f?conde les terres.

Mais elle vient la nuit du plus loin que la nuit
? pas de vent de mer de feu de loup de pi?ge
Berg?re sans troupeau glaneuse sans ?pis
Aveugle aux l?vres d'or qui marche sur la neige.

Claude Roy, in L'enfance de l'Art


La Neige

Derri?re la vitre

Elle est tomb?e la neige ?s nuages changeants
Dans son ballet si pure, ?ternelle et l?g?re
Et par flocons si seuls au milieu de leurs fr?res
Se pose en un tapis tout macul? de blanc

Sa menteuse apparence a pris au d?pourvu
La douce vie mourant sous la sainte ?touffante
Et la peau iris?e de la beaut? ci-vue
D?ploie ses crins de nymphe et sa p?leur d'Infante

Sa candeur viol?e par les traces de pas
D'un enfant, d'un passant, cr?atures sans coeur
Humili?e et bless?e, si sale de rancoeur
Elle offre alors ses larmes, pour tout dernier ?clat

Elle d?goutte la neige et se fond en oubli
Comme les jours, les mois, les ann?es qui s'en vont
Tant?t immacul?s, tant?t bless?s, blessants
Et sur lesquels ont marche avec pareil m?pris.

Katarzyna Trylinska