A la t?l?, un vieux Japonais chante avec affectation Les feuilles mortes, au pied des cerisiers en fleurs. Il dit, en ?cartant grand ses l?vres : si je chante si bien en fran?ais, c'est que je n'ai plus de dents.

Les pigeons roucoulent, de l'autre c?t? des larges fen?tres de la biblioth?que. Bruit de claviers pianot?s et de livres qu'on feuillette. Poussi?re sur les doigts. Th?ses m?dicales de la fin du XIXe qui d?taillent, entre autres, les terribles m?faits de la masturbation. Prospectus pour eaux min?rales miraculeuses. Je flotte entre pass? ?corn? et avenir : me verrais bien travailler ici, vraiment.

Je ne sais pas "g?rer" mes relations aux hommes. On g?re tout aujourd'hui. Les budgets comme les amours. Toujours sur la d?fensive, retenant mon agressivit?, mal, la contenant entre les limites floues de l'ironie et de sourires finauds. Je leur arracherais bien les yeux, si je pouvais, ces yeux qui me rouent de coups. Je m'?tonne d'avoir ?t? heureuse dans des bras masculins, qu'il y ait eu des bras d'homme autour de moi.

Bizarre, cette mani?re qu'a le pass? de s'affranchir de ma volont?. Il devient autonome, grandit, enfle sans moi. Mon pass? fait sa crise d'ado et je n'aurai jamais d'autre enfant.