J'ai un m?tier. Depuis quelques jours, je peux prononcer, ?crire, exhiber m?me, cette phrase. Au terme d'un an exactement, douze mois recroquevill?s sur des claviers noirs, pass?s ? rattraper ? toute allure un temps suspendu, irr?el et maladif ; une phrase sur un papier. Ma joie est calme aujourd'hui : c'est cet apaisement que je cherchais, et rien d'autre. Mes petites victoires sur de grands gouffres feront des signes sur des pages A4, caract?res serr?s pour faire tenir, parfaitement align?es, des comp?tences et des exp?riences.

Je suis calme en dedans : raisonnablement confiante, mod?r?ment inqui?te, j'arme ma patience avec toutes ses cartouches. Je sais que les nuages s'agglutinent, non loin, je vois leur poids avancer vers moi, je sens mes os se raidir au souvenir du froid. Je n'oublie pas, je n'oublierai jamais : que j'ai aim?, que j'aurais d? mourir ? Montr?al, que toutes ces ann?es depuis ont ?t? celles du retour. Revenir ? la vie a ?t? ma grande aventure, celle dont je ne parle qu'ici, ?crite et v?cue, v?cue en l'?crivant. Je crois que cette phrase-l? me pla?t bien davantage : je suis vivante.