In memoriam

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mercredi 13 octobre 2010

From nowhere with love

Les graines de cumin dans le gouda, croquantes, enfantines et anis?es, mes p?pites parfum?es, tr?sor au fond de mon terrier d'automne.

Je ne sors pas beaucoup, sauf pour m'?tourdir de t?ches ingrates et me gorger de l'effort d?sordonn? de mes muscles. J'ai tant besoin d'eux parce qu'eux seuls me portent. Aucune logique sous-jacente, aucun panache revendicatif dans ma marginalit?. Je r?cup?re des forces, ou bien je les dilue dans une solitude, choisie, cette fois. Ma vie v?g?te doucement. Mon terreau est lourd.

Je n'oublie pas mes vendanges, leur concr?te amertume. Je n'oublie pas notre Marylin du Nord, quadrag?naire bavarde aux boucles oxyd?es, dont j'ai vite connu les amours et les mis?res, en flot altern? de rires et de larmes, je n'oublie pas ce jeune banlieusard, tout juste adulte, d?j? p?re, dur des sourcils toujours fronc?s aux paroles crach?es, dont les yeux s'illuminaient fugitivement, lorsqu'il se laissait aller ? simplement rire avec les enfants, qui l'adoraient. Les bedonnants, les maigres, les joviaux, les mutiques, tous poivrots et caboss?s, leurs sourires gris et trou?s... Non je n'oublie rien ni personne.

Et pourtant je ne me sentais pas plus au c?ur des choses, du monde.

Pas de place pour moi ici-bas.

Et alors ?

samedi 2 octobre 2010

Sour Grapes

Mes mains sont grises, rid?es, coup?es, mes ongles noircis, mes avant-bras ?corch?s. Brutale, comme souvent, ?cartant les branches sans douleur, mais sans plaisir. Le sang, d'un rouge pur sur la peau poisseuse, collante de sueur, de poussi?re, et du jus des raisins g?t?s.

Je ne m'attendais pas au m?pris. Et tout ? coup l'hostilit?, ?vidente : celle d'un groupe dont je ne ferai jamais partie - mais je ne ferai jamais partie d'aucun groupe -, murs, de ma propre ironie, joyeuse et agressive, qui m'exclut et m'enferme dans un r?le, peut-?tre un stigmate de classe, plus s?rement un r?flexe anxieux de d?fiance ; de leur jugement sans appel qui pousse tout ? fait le verrou. Je ne parle plus : je me singe parlant. Le go?t des autres devenu amer...

Mais je me souviens de ce couple de doux Allemands r?veurs, elle f?e blonde, lui grand ?chalas boucl?, et du moment o? j'ai su que si elle pleurait, c'?tait de la m?me fatigue que la mienne, pas m?me apais?e par la fatigue, trop l?g?re, du corps pli? tout le jour : celle d'?tre infiniment incomprise et fausse jusque dans ses sourires ?clatants, face ? des caricatures d'individus pourtant tous fracass?s, noy?s dans la masse, se noyant dans le vin... Son ?treinte si forte lorsque nous nous sommes reconnues : moi aussi j'avais pleur?, dans ces vignes de malheur. C'?tait le dernier jour, le dernier apr?s-midi, la derni?re heure, et mes derni?res forces. Il aura fallu cet aveu pour nous r?unir brusquement, tous les trois, friables comme ces raisins au c?ur de poussi?re, qui crevaient sous la lame du s?cateur .

Alors, je ne regrette pas.