In memoriam

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 8 juin 2010

Freaks

Pablo Picasso, La C?lestine


Au supermarch?, des gens tout pleins de d?sirs, d'app?tits, de tentations, hagards et mous, on entendrait presque le cliquetis de leurs pens?es, pain, tomates, shampoing, fromage - pain, tomates, shampoing... La m?me musique rouill?e en boucle dans mon cerveau.

A l'h?pital, j'ai oubli? son nom, une jeune schizophr?ne qui pouvait avoir 18 ans comme 25, ? l'air si paisible, longs cheveux noirs brillants, gestes lents et voix tra?nante, qui d?clarait un jour, de la m?me voix tranquille, j'ai frapp? une fille et elle a d? porter une minerve.

A la laverie, ce gothique tout en noir, crini?re fluide dans le dos, tee-shirt ? l'effigie d'un groupe de m?tal quelconque, scarifications profondes en forme de losanges sur le bras, et qui lavait consciencieusement toute sa panoplie morbide avec une lessive sp?ciale noir.

We are such stuff
As dreams are made on, and our little life
Is rounded with a sleep.

(The Tempest)

vendredi 4 juin 2010

Le lapin et les phares

03h04 du matin.

J'ai ?teint la lumi?re depuis longtemps, il n'y a que l'ordinateur qui fasse veilleuse. L'?cran-?crou visse mes pens?es, agglutin?es comme des moucherons. Ma t?te commence ? devenir lourde, je la fais basculer dans ma paume. Ma joue fait des plis et ma l?vre un rictus maussade. Faux-jour, la phosphorescence bleut?e de l'?cran sur ma peau. Elle en r?v?le la nature profonde : craquel?e, vallonn?e, sillonn?e. Terreuse. Minuscules parcelles qui s'entrem?lent, et tissent des signes incompr?hensibles. Ma peau pour moi seule : ma vie sans caresses.

Sur mon v?lo toujours, suante, haletante dans les c?tes, cheveux toujours emm?l?s et coup de p?dale dur pour me racheter de l'oisivet? habituelle, je vais sur ma machine de guerre douce.