In memoriam

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mercredi 18 novembre 2009

Ceci est mon corps

La peau me manque. Le souvenir d'une en particulier n'est que ressuscit? de temps ? autre. Besoin g?n?ral et vaste d'abolir ce p?rim?tre d'isolement, violent, qui nie le d?sir en le rendant sans objet. Le craquement des v?tements qu'on arrache s'?touffe jusqu'? ne devenir qu'un vague froissement, une ?cume sale. Le sang ne conna?tra plus de crues subites. La peau se lassera.

Pourtant : mes muscles, palpables, durs, gonfl?s par l'effort patient et r?p?t?, qui ironisent dessous, glissant comme des couleuvres le long des os de pierre. Que je coure torde frappe ?tire ou roule. Dociles et agiles toujours. Je ch?ris am?rement ces saines ?paisseurs : elles me font dans les regards plus vivante que je ne le suis, mais c'est par elles que je le suis un peu.

?a manquait de corps ici. Comme un aveu.

Je ne suis pas belle, mes traits sont tout juste quelconques, un peu grossiers. La fragilit? ne me si?rait m?me pas.

Mon armure... mes murmures.

Haine de soi ? Oh pas tant que ?a.

jeudi 12 novembre 2009

Automne / Frissons

Je me souviens de ce Paris du Nouvel An, glac?, brumeux, magnifique. Je me souviens des Invalides s?v?res ? la porte close et aux pav?s durs. Je me souviens de cette rencontre in?dite et grelotante dans une rue de Saint-Germain ou quelque chose dans le genre (chic, le genre), entre deux jeunes filles, un bourgeois (et son golden retriever) et une vielle dame pr?nomm?e Patricia, qui ne parlait pas, mais que le flic du commissariat avait reconnue tout de suite, souriant jusqu'aux oreilles.

On marchait dans le soir ou dans la nuit, un premier janvier, la ville devenait imperceptiblement famili?re.

Je me souviens du zoo de Chicago, de la serre-refuge, ma veste ?crasante sur les bras et les larges feuilles d'?meraude qui se penchaient jusqu'? mon visage. Le gar?on qui m'a abord?e, dans le m?tro, et qui ressemblait beaucoup trop ? ton fant?me. Je n'osais pas le regarder dans les yeux. Le vent dans les avenues fleuves. Mes joues br?l?es par le froid. Et mon ventre qui s'est d?traqu? soudainement : pendant deux jours, ne se nourrir que de la ville.

Je me souviens d'Amsterdam. Je cherche la figure cach?e sous ce manque et ne la trouve pas. Il faudrait qu'elle soit d?licate et liquide, un peu pench?e, ?l?gante jusque dans son n?gligement, sourire mutin mais yeux s?rieux, teint clair mais pommettes roses. Androgyne, s?rement.

Amsterdam me manque pour elle-m?me. Personne ne s'est dans mes souvenirs substitu? ? cette ville. C'est bien la premi?re fois, et je suis troubl?e de red?couvrir la remembrance na?ve, pure de toute effusion de chair et de sang, propre sur elle : dicible et pr?sentable. Je suis revenue de l'intensit?, et Amsterdam me chante d'une voix calme que la beaut? demeure.