A Bruxelles, peu avant d'aller sonner ? ta porte, je m'?tais rendue aux
Editions le Cri. Elles seules poss?daient ce
livre rare et qui m'est d?j? cher. J'ai mis longtemps ? trouver le b?timent banal qui faisait angle, au n? 1 de la rue Victor Greyson, face ? un rond-point d?sert. La porte d'un blanc ?caill? ?tait ferm?e, les vitres rendues opaques par divers panneaux de plastique. Aucun bruit, aucune lumi?re ne filtrait. Pas d'horaires, pas de pancarte informant que la maison ?tait ferm?e pour cause de vacances. Seule une affiche d?teinte et d?coll?e indiquait qu'on se trouvait ? la bonne adresse. Rien d'autre. J'?tais ? la fois intimid?e et effray?e devant ce cri-l?, muet. Je n'ai pas os? m'introduire plus loin dans le silence, je suis rest?e ? tourner un moment autour des vitrines toujours aussi opaques et imp?n?trables, je n'ai pas pouss? la porte, pas m?me essay?. Il faisait froid. Il allait peut-?tre pleuvoir. Un vertige s'en venait.
Je regarde maintenant ces pages qui se tendent, derri?re un ?cran. Il y a peut-?tre des ?lans qui ne se per?oivent que dans la distance.