In memoriam

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dimanche 22 avril 2007

Neige et nuit

Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
? pas de vent de loup de foug?re et de menthe
Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille aux cheveux d'?cume issue de l'eau dormante.

Apr?s l'aube la nuit tisseuse de chansons
S'endort d'un songe lourd d'astres et de m?duses
Et les jambes m?l?es aux fuseaux des saisons,
Veille sur le repos des ?toiles confuses.

Sa main laisse glisser les constellations
Le sable fabuleux des mondes solitaires
La poussi?re de Dieu et de sa cr?ation
La semence de feu qui f?conde les terres.

Mais elle vient la nuit du plus loin que la nuit
? pas de vent de mer de feu de loup de pi?ge
Berg?re sans troupeau glaneuse sans ?pis
Aveugle aux l?vres d'or qui marche sur la neige.

Claude Roy, in L'enfance de l'Art


La Neige

Derri?re la vitre

Elle est tomb?e la neige ?s nuages changeants
Dans son ballet si pure, ?ternelle et l?g?re
Et par flocons si seuls au milieu de leurs fr?res
Se pose en un tapis tout macul? de blanc

Sa menteuse apparence a pris au d?pourvu
La douce vie mourant sous la sainte ?touffante
Et la peau iris?e de la beaut? ci-vue
D?ploie ses crins de nymphe et sa p?leur d'Infante

Sa candeur viol?e par les traces de pas
D'un enfant, d'un passant, cr?atures sans coeur
Humili?e et bless?e, si sale de rancoeur
Elle offre alors ses larmes, pour tout dernier ?clat

Elle d?goutte la neige et se fond en oubli
Comme les jours, les mois, les ann?es qui s'en vont
Tant?t immacul?s, tant?t bless?s, blessants
Et sur lesquels ont marche avec pareil m?pris.

Katarzyna Trylinska

Dimanche

Petit matin encore frais, soleil aux bras trop courts pour se glisser entre les interstices des rues. Personne. Ou presque : quelques ?lecteurs de-ci de-l?, l'air soucieux (ind?cis?), carte d'identit? ? la main. Je sors et ressors mon rectangle bleu blanc rouge, c'?tait donc si bref, au verso ce coup de tampon n?glig?, de travers, un de ces tatouages de la vie, des commentaires du premier bulletin de classe au premier je t'aime trac? d'une ?criture maladroite ; cette suite de signes qu'on se murmurera longtemps encore, comme un anath?me.

lundi 9 avril 2007

Cherchez le parc, vous trouverez la ville

Le parc de Miribel-Jonage, autoproclam? Grand Parc, n'est qu'une r?plique en miniature des immenses parcs-nature montr?alais, aux coins de l'?le ; l?-bas il fallait prendre un, deux bus, et l'espace d'une heure et demie, voyager.
Beaucoup d'humains, mais aussi beaucoup de chiens. A Montr?al, les humains avaient la sup?riorit? apparente du nombre. Un point commun cependant : des familles enti?res barbecuant tous les quinze m?tres, parents, enfants, grands-parents, et d'autres apparent?s vaguement identifi?s. Ici, des voiles sur la t?te des femmes, de loin on croirait des oeufs de P?ques envelopp?s de papier de soie. L?, une coul?e de Noirs. Et puis les chevelures toujours longues et lisses des Asiatiques. A Montr?al, au parc Angrignon, c'?tait pareil. Le soleil r?chauffe les coeurs gratis. Lui. Et les familles s'uniront encore dans la m?me torpeur enfum?e.

Premier coup de soleil de l'ann?e.

Montr?al toujours dans le coeur. Je n'aurais pas cru, non pas ? ce point. Bruxelles n'a laiss? presque aucune trace.

Maman dont la langue fourche au t?l?phone : Tu vas voter pour Sargol?ne ?

mercredi 4 avril 2007

The long and shining road

On ne peut tout de m?me pas se contenter d?aller et venir ainsi sans souffler mot.

Kenneth White, in Nicolas Bouvier, Le poisson-scorpion

Si je ne le dis pas, ?a n'existe donc pas?
Il faut parler de ces mois ? marcher dans la longue rue d?sol?e, aux lignes droites et froides, de ce temps ? entrer dans le jaune orang? des murs comme dans la lumi?re, dire le rond soleil des tables autour desquelles on s'assoit, c'est cela le feu sacr?, le mien, et ce bonheur rayonne. Il y a des noms qu'on apprivoise, des regards qu'on croise et qui ne fuient pas, des sourires qui en sont vraiment. Beaucoup de douleur. Dans chaque regard une ombre, dans chaque voix une f?lure. Est-ce le seul espace humain o? l'on peut esp?rer ?tre accueilli ?

Assise sur une chaise, au bout de la grande salle, j'?coute les femmes parler enfants, pluie et beau temps, malheurs parfois. Plus loin une partie de cartes et des rires. Le dessin du vendredi, les tableaux deviennent de plus en plus color?s.

Mon nouveau chemin matinal est une rue parall?le, anim?e et arbor?e, o? il me faut souvent me glisser dans un essaim remuant d'enfants tout juste sortis de l'?cole. Je ne l'aurais pas d?couvert seule.