vendredi 3 septembre 2010
Shades
vendredi 3 septembre 2010 à 00:37
Train de nuit, retour ? Amsterdam. Recroquevill?e dans mon si?ge, membres douloureux et yeux rougis par l'insomnie forc?e, je regarde les champs du Danemark dans la lumi?re du soir, blonds et glac?s. Je ne reconnais pas l'herbe et me prends ? r?ver de bl?s. Les gens ?taient fait du m?me or p?le, tiges longues et souples, presque nues malgr? le froid pour moi mordant, qui ne m?riraient jamais : fixit? du regard transparent, finesse douloureuse des cheveux presque blancs. Ma moisson invisible, leur souvenir vol? dans la m?me indiff?rence... J'?tais ?blouie par les visages comme par les rayons obliques. Touriste banale dans un pays de beaut? cisel?e, tout p?n?trait en blessure mes c?ur et corps grossiers.
Le premier jour, le temps est devenu fou. Soleil heureux et pluie furieuse ? tour de r?le, chaque quart d'heure. Nos nerfs devenaient des ?lastiques pr?ts ? claquer. Ensuite le vent s'est lev? et ne nous a plus quitt?es. J'ai achet? des pinces pour mes cheveux emm?l?s ; de simples d?bris color?s vite emport?s par la temp?te. Sur les ponts, avancer ?tait un d?fi lanc? au ciel. Un ciel d?chir?, viril, aux ?claircies de diamant brut. Oh cette lumi?re, cette lumi?re ! Le Nord dans le plissement humble de mes paupi?res.
J'apprends mon amie. J'apprends nos diff?rences, ? peine effleur?es jusqu'ici. Le voyage ? deux r?v?le manies, r?ticences et bassesses. Des choses laides passent au fond de moi, mais l?g?res comme les nuages qui filent dans le ciel de Copenhague. Il va falloir grandir encore, et aimer malgr?. S'asseoir ensemble pour la derni?re fois, sur la margelle d'un puits, au milieu d'une place si calme, et sous un soleil si clair...
Je ne savais pas que Kierkegaard ?tait enterr? dans ce beau cimeti?re. C'est un parc o? les joggers et les m?res ? poussette se croisent. Des m?res invariablement jeunes, divines, et nonchalantes. Un dormeur s'est abandonn? sur la pelouse, ? peine ? l'?cart des tombes. La tombe de Kierkegaard est en r?alit? un caveau familial, son nom est rel?gu? en fin de st?le. Tout est si simple dans ce cimeti?re, et la mort si tranquille. C'est une toile d'Hammersh?i, c'est la nuque tendre d'une silhouette aust?re. Karen Olsen, la fianc?e d?laiss?e, est enterr?e non loin. Tout est si paisible et si vert que je m'endormirais bien, moi aussi, s'il ne faisait pas si froid.
Le premier jour, le temps est devenu fou. Soleil heureux et pluie furieuse ? tour de r?le, chaque quart d'heure. Nos nerfs devenaient des ?lastiques pr?ts ? claquer. Ensuite le vent s'est lev? et ne nous a plus quitt?es. J'ai achet? des pinces pour mes cheveux emm?l?s ; de simples d?bris color?s vite emport?s par la temp?te. Sur les ponts, avancer ?tait un d?fi lanc? au ciel. Un ciel d?chir?, viril, aux ?claircies de diamant brut. Oh cette lumi?re, cette lumi?re ! Le Nord dans le plissement humble de mes paupi?res.
J'apprends mon amie. J'apprends nos diff?rences, ? peine effleur?es jusqu'ici. Le voyage ? deux r?v?le manies, r?ticences et bassesses. Des choses laides passent au fond de moi, mais l?g?res comme les nuages qui filent dans le ciel de Copenhague. Il va falloir grandir encore, et aimer malgr?. S'asseoir ensemble pour la derni?re fois, sur la margelle d'un puits, au milieu d'une place si calme, et sous un soleil si clair...
Je ne savais pas que Kierkegaard ?tait enterr? dans ce beau cimeti?re. C'est un parc o? les joggers et les m?res ? poussette se croisent. Des m?res invariablement jeunes, divines, et nonchalantes. Un dormeur s'est abandonn? sur la pelouse, ? peine ? l'?cart des tombes. La tombe de Kierkegaard est en r?alit? un caveau familial, son nom est rel?gu? en fin de st?le. Tout est si simple dans ce cimeti?re, et la mort si tranquille. C'est une toile d'Hammersh?i, c'est la nuque tendre d'une silhouette aust?re. Karen Olsen, la fianc?e d?laiss?e, est enterr?e non loin. Tout est si paisible et si vert que je m'endormirais bien, moi aussi, s'il ne faisait pas si froid.