samedi 15 janvier 2011
About A Girl
samedi 15 janvier 2011 à 00:54
C'est d'abord une silhouette qui remonte la rue, quasi d?serte ? cette heure.
C'est celle d'une femme qui marche vite. Ses talons sont hauts. Son pas est cependant trop vacillant pour ?tre gracile. Elle ne sait pas marcher avec des talons aussi hauts. Sans doute n'a-t-elle jamais su. Mais elle marche vite parce qu'alors elle para?tra vive et alerte, adolescente encore.
Elle porte un manteau noir tr?s ajust?, certainement inconfortable. Il l'?lance. Elle resserre davantage les pans autour de sa taille.
C'est ensuite un regard, furtif, jet? vers les vitrines d'o? diffuse une lumi?re ensommeill?e. Elle cherche ? apercevoir encore son reflet, comme anxieuse d'y trouver jusqu'? la derni?re seconde la confirmation de son existence, de sa mat?rialit?. La pr?sence de son double de glace la rassure. Elle rajuste une m?che derri?re son oreille, pour mieux voir l'image s'animer et son visage ressortir, plus doux, plus malicieux. Elle sourit ? la glace.
C'est peut-?tre une ancienne vedette, une gloire oubli?e, dont seules restent des photographies d?color?es, au fond de malles poussi?reuses.
C'est enfin une porte. Celle d'un immeuble d?labr?, qu'elle pousse brusquement alors qu'elle est sur le point de la d?passer, t?te baiss?e, sans un regard alentour. C'est chez elle, elle habite au rez-de-chauss?e. Dans son appartement v?tuste et sombre, des piles de livres et de vieux magazines serpentent ? m?me le sol et barrent le chemin. L'air est trouble, vici?. Elle ?te ses escarpins rouges et son manteau sombre qu'elle laisse glisser ? terre. Elle ne porte qu'une robe ?lim?e et ses jambes bleuies sont nues.
Chaque jour, elle sort marcher dans la ville, v?tue du m?me costume, chaque jour elle fait semblant de croire qu'elle est cette femme qui a ?t? c?l?bre, muse et sainte, enfantine et sup?rieure, ?vanescente et dure, cette femme id?ale qu'elle a r?v? devenir et qu'elle a toujours jou?e. Elle vit une vie doucement terrible, amoureusement multiple et douloureusement autre.
J'ai connu une fille, je l'ai perdue, c'?tait un peu elle.
C'est celle d'une femme qui marche vite. Ses talons sont hauts. Son pas est cependant trop vacillant pour ?tre gracile. Elle ne sait pas marcher avec des talons aussi hauts. Sans doute n'a-t-elle jamais su. Mais elle marche vite parce qu'alors elle para?tra vive et alerte, adolescente encore.
Elle porte un manteau noir tr?s ajust?, certainement inconfortable. Il l'?lance. Elle resserre davantage les pans autour de sa taille.
C'est ensuite un regard, furtif, jet? vers les vitrines d'o? diffuse une lumi?re ensommeill?e. Elle cherche ? apercevoir encore son reflet, comme anxieuse d'y trouver jusqu'? la derni?re seconde la confirmation de son existence, de sa mat?rialit?. La pr?sence de son double de glace la rassure. Elle rajuste une m?che derri?re son oreille, pour mieux voir l'image s'animer et son visage ressortir, plus doux, plus malicieux. Elle sourit ? la glace.
C'est peut-?tre une ancienne vedette, une gloire oubli?e, dont seules restent des photographies d?color?es, au fond de malles poussi?reuses.
C'est enfin une porte. Celle d'un immeuble d?labr?, qu'elle pousse brusquement alors qu'elle est sur le point de la d?passer, t?te baiss?e, sans un regard alentour. C'est chez elle, elle habite au rez-de-chauss?e. Dans son appartement v?tuste et sombre, des piles de livres et de vieux magazines serpentent ? m?me le sol et barrent le chemin. L'air est trouble, vici?. Elle ?te ses escarpins rouges et son manteau sombre qu'elle laisse glisser ? terre. Elle ne porte qu'une robe ?lim?e et ses jambes bleuies sont nues.
Chaque jour, elle sort marcher dans la ville, v?tue du m?me costume, chaque jour elle fait semblant de croire qu'elle est cette femme qui a ?t? c?l?bre, muse et sainte, enfantine et sup?rieure, ?vanescente et dure, cette femme id?ale qu'elle a r?v? devenir et qu'elle a toujours jou?e. Elle vit une vie doucement terrible, amoureusement multiple et douloureusement autre.
J'ai connu une fille, je l'ai perdue, c'?tait un peu elle.