dimanche 2 décembre 2007
The rest will flow
dimanche 2 décembre 2007 à 20:35
J'ai vu bien des choses. Quelles choses m'ont vue ?
Le vent en traversant le pont, ? peine frais, encore un peu ti?de, chaque cheveu de ma t?te d?colle et voyage. C'?tait il y a longtemps. Plusieurs jours.
Une vieille dame, minuscule vieille dame, silhouette de volcan ?teint ramass?e dans un ?pais manteau de fourrure ray?e, fragiles m?ches de coton effiloch?es sur le cr?ne ; furieuse, m?chante petite vielle dame qui soudain vocif?re une insanit? suraig?e ? l'adresse de la jeune femme dont le tort est d'avoir crois? son regard.
Et puis ce texte, notre texte.
Le vent en traversant le pont, ? peine frais, encore un peu ti?de, chaque cheveu de ma t?te d?colle et voyage. C'?tait il y a longtemps. Plusieurs jours.
Une vieille dame, minuscule vieille dame, silhouette de volcan ?teint ramass?e dans un ?pais manteau de fourrure ray?e, fragiles m?ches de coton effiloch?es sur le cr?ne ; furieuse, m?chante petite vielle dame qui soudain vocif?re une insanit? suraig?e ? l'adresse de la jeune femme dont le tort est d'avoir crois? son regard.
Et puis ce texte, notre texte.
On ?tait toutes les deux l?, assises dans l'herbe, et on regardait. Un ?t?, nos quatorze ans, ?a fait loin quand on y pense, ? s'inventer les lignes droites d'une histoire, d'une vie, quelque chose qui tienne la route enfin.
Moi je me souviens juste qu'on ?tait assises dans l'herbe, qu'un rayon de soleil me faisait peur sur ta peau trop blanche, et qu'on parlait de la vie comme d'une saison ? venir.
Tu te retenais de rire... et je savais les tours et d?tours que ?a prenait, de te faire c?der, de t'emporter un peu dans cette chute du grave ? l'aigu, ton rire qui tra?nait des sons de pas prudents sans ?tre perdus. On se d?chirait souvent. C'?tait ma violence apprise ; c'?tait ce que tu voulais prendre au monde. Et quand je repense aujourd'hui ? nos heurts, je retrouve tout, intact, parce que c'est encore moi, les silences l'angoisse, les nuits blanches ? esp?rer notre r?conciliation, et la joie indicible d'?tre encore ton amie.
C'est dr?le tu sais, sept ans ? te savoir vivre si loin, absorb?e par un parall?le qu?on dit h?misph?re, courb?e par les souvenirs, d?form?e peut-?tre. Mon coeur te rend mienne ? chacun de tes mots.
J'ai oubli? ce dernier jour, la salle d'attente bruyante de l'a?roport, ce t?l?phone o? je n'entendais pas ta voix, et la mienne, faible, qui disait, quoi ? J'ai gard? le bout de papier arrach? ? une enveloppe et gliss? secr?tement dans mon sac ; je me demande si ton ?criture est toujours aussi ronde.
Tu vois, c'est encore l'unique moyen que j'ai de m'appr?hender, en ?cho, ? travers toi, ? travers l'autre : j'aimerai toujours davantage le monde en moi que moi dans le monde.