In memoriam

- What do you think?
- I think two wrong don't make a right.
- Meaning what?
- Meaning us: two wrongs.

Arizona Dream by Emir Kusturica

A la suite d'Olivier, Laurent, Herv?, Alcib et Aur?lie, un billet sur le th?me des "Rencontres par Internet".

Dans ce livre pour enfants lu cet ?t? ? la biblioth?que de la Part-Dieu, Section Jeunesse, au milieu des m?res ? poussettes et des enfants qui poussent ; il y a cette phrase

On fait toujours un voyage quand on aime quelqu'un.

C'est dr?le ? quel point elle r?sume ma vie. Montr?al, Gen?ve, Nice, Bruxelles, Paris, la ville est une rencontre. Le th?me pourrait ?tre abord? techniquement, on pourrait dire qu'Internet est un point de d?part, qu'on ?largit ses horizons en fixant la fen?tre d'un ?cran. Ce serait vrai tout ?a, mais ?a cr?erait une sp?cificit?, une originalit?, ?a sous-entendrait que c'est ?trange, d'aller ? la rencontre de ces amis inconnus, de ces amours aveugles.
Qui n'imagine pas l'autre, qui n'invente pas sa vie? La r?alit?, c'est la pr?sence qui donne corps ? l'imagination, et rien d'autre. Je ne con?ois pas ma vie sans l'?lan vers l'autre, sans ce passage de l'?tranger au familier ; simplement il arrive parfois que dans la distance l'?cho soit plus palpable : plus n?cessaire.
J'aime ? penser que je vivrai encore autant de voyages que d'amiti?s ; j'ai pens? que la mort ?tait le terminus, il faut croire que je suis descendue une station trop t?t.

Le livre, c'?tait Laure qui m'en avait parl?, et il s'appelle Avec tout ce qu'on a fait pour toi, de Marie Brant?me.

Au-dessus de l'ombre noire de la jet?e
La lune brille comme une armure.
Sur le quai - un chapeau et une fourrure,
On imagine : un po?te et une actrice.

Le souffle immense du vent.
Le souffle des jardins d'hiver -
Et le soupir immense et triste :
- Ne laissez pas tra?ner mes lettres.


Marina Tsv?ta??va, Les brumes des amours anciennes, in Le ciel br?le

Je suis s?re que c'est de l'air venu de Roumanie qui se boit dans le ciel glac? et tr?s bleu, un bleu de regard, qui trouble et qu'on ne fixe pas ; je sais que c'est Bucarest qui s'en vient avec son odeur de brioche chaude, la brioche rare de l'enfance, le parfum qui p?n?tre la peau et nourrit la m?moire, et dans ma rue les p?tissiers arabes sourient parce que c'est incroyable de savoir et de faire encore semblant, de vendre encore des baklavas couleur sable couleur d?sert, qui ont un go?t de brioche fumante en Roumanie l'hiver, un go?t de luxe communiste et d'enfance Mistral gagnant.