dimanche 8 août 2010
Body & Soul
dimanche 8 août 2010 à 15:02
C'est un bal de f?te nationale. L'air est ?pais. Les bouchons de champagne ont saut? un ? un, leur bruit ?touff? par la musique, vieux tubes qu'on reprend en hurlant, l'alcool a empoiss? les bras nus. Je danse vaguement, je voudrais m'oublier dans l'onde des corps, couler tout au fond du plaisir, mais mes pupilles luttent et s'affolent : je suis ? la surface des choses et je vois les mimiques grotesques, les yeux morts, je vois les mains moites de deux corps que je sais inconnus l'un ? l'autre s'unir subrepticement, dans un effleurement aveugle et vain, deux pantins qui jouent au d?sir, sans jamais se regarder, d?go?t, d?go?t, l'odeur fade du champagne sur ma peau, son amertume sur mes l?vres, mes yeux incapables de se d?tacher de cette ?treinte m?diocre, REFUS, de ces d?chets de ferveur, je tourne la t?te, la t?te me tourne... Mon sourire est une contradiction douloureuse jusqu'au matin. Au r?veil, solitude immense mais peine l?g?re : je me tiens sans honte ni haine devant une fronti?re.
Aujourd'hui, la douceur est retrouv?e, la ti?deur de l'air est un soulagement. Mes terrasses, blanches et dures, leur int?grit? de pierre pour si?ge, le Rh?ne aux reflets verts imperturbables dans mon regard, un livre, et une caresse de vent sous mes manches... ma vie de quasi renti?re ou de presque retrait?e, sans contraintes, sans heurts, ?gale, est acceptable seulement sous un arbre, au milieu des rires et des peaux ambr?es.
L'hiver est en embuscade et mes os se souviennent de l'appartement glacial.
Je cherche toujours la fatigue du corps. Le mouvement rapide, la dilatation fleurie des vaisseaux, les gouttes de sueur qu'on lavera ? grande eau. La chair n'est supportable que lasse. L'esprit est faible, la volont? vacillante, seul le muscle semble pouvoir s'endurcir... Je ne vis que dans la clart? d'une sensation roulant sous la peau, dans la chaleur de l'effort, le long du fil net d'une coupure et pour l'?tincelle du sang. Le cerveau est un marais trop sombre et trop vaste, ses replis sont des sables o? les cris se meurent...
J'ai ?crit ces lignes qui ne me satisfaisaient pas. Il me fallait autre chose. En me relisant, quelques jours plus tard, l'?vidence de l'acte : j'ai trouv? un emploi pour les vendanges. J'expierai mon inertie le dos courb?.
J'ai cette image en t?te, de ces petites villes du Kansas devenues fant?mes, apr?s le passage d'une tornade. L'herbe est verte et les rues d?sertes.
Je pars une derni?re fois pour Amsterdam, Amsterdam la douce, son ?me insouciante tout enti?re contenue dans ses grands yeux d'eau calme, Ma belle Dame, Amsterdam...
Aujourd'hui, la douceur est retrouv?e, la ti?deur de l'air est un soulagement. Mes terrasses, blanches et dures, leur int?grit? de pierre pour si?ge, le Rh?ne aux reflets verts imperturbables dans mon regard, un livre, et une caresse de vent sous mes manches... ma vie de quasi renti?re ou de presque retrait?e, sans contraintes, sans heurts, ?gale, est acceptable seulement sous un arbre, au milieu des rires et des peaux ambr?es.
L'hiver est en embuscade et mes os se souviennent de l'appartement glacial.
Je cherche toujours la fatigue du corps. Le mouvement rapide, la dilatation fleurie des vaisseaux, les gouttes de sueur qu'on lavera ? grande eau. La chair n'est supportable que lasse. L'esprit est faible, la volont? vacillante, seul le muscle semble pouvoir s'endurcir... Je ne vis que dans la clart? d'une sensation roulant sous la peau, dans la chaleur de l'effort, le long du fil net d'une coupure et pour l'?tincelle du sang. Le cerveau est un marais trop sombre et trop vaste, ses replis sont des sables o? les cris se meurent...
J'ai ?crit ces lignes qui ne me satisfaisaient pas. Il me fallait autre chose. En me relisant, quelques jours plus tard, l'?vidence de l'acte : j'ai trouv? un emploi pour les vendanges. J'expierai mon inertie le dos courb?.
J'ai cette image en t?te, de ces petites villes du Kansas devenues fant?mes, apr?s le passage d'une tornade. L'herbe est verte et les rues d?sertes.
Je pars une derni?re fois pour Amsterdam, Amsterdam la douce, son ?me insouciante tout enti?re contenue dans ses grands yeux d'eau calme, Ma belle Dame, Amsterdam...